Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

roi Artus rompit le silence pour remercier Dieu d’une telle grâce.

« Sire, dit alors Gauvain, il est vrai que ce miraculeux festin n’a jamais eu lieu nulle part, si ce n’est, à ce qu’on dit, au château de Corbenic. Mais ici nous n’avons pas vu clairement le Graal. C’est pourquoi, Sire, je fais ce vœu. Demain, sans plus attendre, j’entreprendrai la Quête du Saint Graal ; j’y resterai un an et un jour, et plus s’il le faut, mais je ne reviendrai pas à la cour avant d’avoir contemplé le Vase merveilleux, ou avant d’avoir appris que cet honneur m’est interdit. »

À ces paroles, tous les chevaliers se lèvent, acclament Gauvain et font le même vœu. Le roi, seul, reste immobile et pensif. À la fin il s’écrie :

― Ah ! Gauvain, par votre vœu, vous me tuez ! Vous m’enlevez la plus noble et la plus loyale compagnie que j’aie jamais eue ! Quand ils m’auront quitté, je sais bien qu’ils ne reviendront pas tous ! Combien resteront en cette Quête, qui sera plus