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L’AMOUR DES HEURES

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se terrent les zouaves véroles qui veulent éviter de rencontrer les esclaves du violoncelle et les maris des farandoles qui dévastent les océans, estropient les requins, volent les carapaces des tortues et chassent les colombesde leur colombier pour y installer dés perruques. Les zouaves sont d’anciennes fougères que la fantaisie du lacet de chaussure à affublées d’un pantalon bouffant pour les différencier des mandolines et des timbres-poste. Ils s’en vont par les plaines incultes pêcher, pour les bonnes d’enfant, des souris blanches dans la gueule des saumons, lesquels se prêtent très aimablement à cette opération qui satisfait leur désir de parfum. L’un d’eux, un zouave plus vérole que les autres, au regard de moustache, s’éloigne de ses compagnons. C’est qu’il recherche l’essence de la bière et la profondeur des mers pendant les tempêtes. 11passe le long d’un fleuve large comme la main qui chavire des plumes cleperroquet. Il en conclut, qu’il traverse l’Amérique du sud et s’attend à rencontrer, quelques mètres plus loin, un bagnard occupé à compter les serpents de la forêt vierge. Il ne rencontre pas clebagnard, mais une barrière de défenses d’éléphants. Il la franchit et: marche maintenant sur un tapis de brioches. Il ne doute plus que ce tapis le conduise à un sofa où se prélasse quelque jeune fille, jolie comme le feu. solitaire et nue qui ne demande pas mieux que de taire l’amour avec une orchidée isoléedu reste du monde et ignorante au point de ne pas connaître la couleur de ses (leurs. Mais l’orchidée n’aime pas la jeune fille. Elle ne songe qu’à la vérole, son amie. Le zouave, homme d’esprit simple dont la vie n’est qu’une lente reptation autour des chevilles d’une musulmane, lui répond par un bâillement qui ne le satisfait pas. Pour se faire comprendre, elle entame les louanges de la vérole :

Vorchiiée.

Zouave à la tête oblique, au

crâne transparent, comme la. mer, toi qui naquis une nuit sur un lit de café gelé, toi dont la mère quitta tout exprès le cou d’une girafe pour te mettre au monde, tu ne connais pas la vérole, la vérole qui descend du singe. Sache donc qu’un jour une cartomancienne qui prenait un bain vit apparaître une paire de lunettes dans sa baignoire, au-dessus de ses pieds. Elle sursauta et les lunettes glissèrent, à la surface de l’eau, parcourant la baignoire en tous sens. En même temps elle sentit ses seins la quitter et les vit aussitôt à la surface tic l’eau, verts, délicieusement verts. L’inévitable se produisit : les lunettes rencontrèrent les seins qui, secoués d’une colère folle, bondirent hors de la baignoire. O migraine ! ô course folle ! Les seins frappent un guerrier nègre qui garde l’appareil à douches si léger que la cartomancienne craignait qu’un souffled’air la fît s’envoler. Et le guerrier dahoméen n’est plus qu’une addition immense des nombres de nombres de dix chiffres dont le total forme le mot : VÉROLE.

BENJAMINPÉRET.

Il faut se taire une idée physique de la révolution.

ANDRÉ MASSON.

Nous avons moins besoin d adeptes actifs que d’adeptes bouleversés. ANTONIN ARTAUD.

De divers espoirs que j’ai eus, le plus tenace était le désespoir.

Louis ARAGON.