Page:La Révolution surréaliste, n04, 1925.djvu/11

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TEXTES SURREALISTES

Pierre/<»(/

Marcel Noll :

Je faisais, cette nuit là, les cent pas dans l’intérieur de ce mécanisme d’horlogerie, en aspirant longuement cette fumée du temps, ou de l’espoir, cette eau dont les ailes se fanent au petit matin. A l’effet de ne pas m’ennuyer outre mesure, j’avais pris soin d’effacer avant d’entrer toutes les inscriptions par trop gênantes du cadran, en commençant par la provenance, pour finirpar les chiffresen passant par l’aiguille des heures. Le cadran était donc réduit à n’annoncer que les minutes, les secondes.J’arrivais même,peu à peu, à medéfaire du jougde celles-ci; joug en somme supportable, mais qui me gênait dans l’exercicede mes fonctions.

Je m’endormais donc, et voici comment je sortis cle cette maison hantée dans laquelle je me vis aussitôt emprisonné. Un personnage tenant à la fois du diable et de l’amant déchu, se présentait devant moi en se disant ancien professeur de rhétorique. Il se faisait fort d’accomplir tous mes désirs d’un jour au moyen de sa baguette cle prestidigitation. « Bien, lui dis-je, une fois n’est pas coutume ; je vous suis, Monsieur, mais permettez, l’ombre de vous-même ne serait-elle qu’une vulgaire imitation ?

» «Certes, non, vous, le curieux, mais 

quoique je sois dans l’impossibilité de vous le prouver, je vous prie de croire à la toute-puissance, à la grande force démoralisatricede, de, du symbole, par exemple. » Voyant que j’avais affaire à un cleces pauvres d’esprit sans intérêt comme il s’en trouve par centaines à Charenton et à Cire-la-Belle,je me mis à méditer sur les moyens d’éviter un de ces miroirs qui guettent l’homme au carrefour, ces miroirs qui ont juré sa perte. Mais un bruit se fit entendre, un bruit dont on ne peut dire qu’il était agréable ou désagréable, un bruit pareil à celui que font les tours d’ivoire en s’effondrant. Un livre, des chants j’imagine, me fit des signes et m’invita avenir le voir dans son domainede canaux ; des canaux droits et dont l’entrecroisement forme des angles cle 90 degrés. Pour faciliter la circulation, le policeman y est remplacé par un hippopotame à bâton blanc (c’est une dent qu’il a dû s’arracher, un jour de tristesse). Ici commence une nouvelle ère, une nouvelle histoire, un nouveau début, celui cle l’Iris, celui des perches du silence, celui des édredons fugitifs, celui des trolleys trépidants, celui des grooms fatigués, celui dos astres refroidis, celui de la luxure, celui de la grande cascade. Georges Malkine :

Roi-paroiet désarroiobsèdent les pans-coupés. L’unique reflet que j’aie ne se peut comparer ni opposer à une motion,et ce n’est pas humainement que je t’en parlerai. Comme l’opium éloigne,il éloigneexactementautant de lui-même. Enfin. On imaginerait volontiers que la prime est offerte à tout acheteur. Quand la terre passe entre la lune et la lune, ils disent: la lune est cachée, la lune est invisible. Voilàce qu’ils sont. C’est pour des raisons de cette catégorie que je peux dire, entre autres: j’ai fait l’amour à Maggic Chambcrs (86, avenue Victor-Hugo, XVIe), dans le kiosque vide de l’avenue Mac-Mahon. Le temps de la nuit confondles horloges. La fameuse entente secrète entre les horloges est une dérision.

Après avoir cheminé sans chemin parmi les archanges et les arkhançclles, dans une solitude telle qu’elle est une absence, elle demeura sur l’un des derniers arbres. D’où je suis, je la vois distinctivement. Ainsi, par l’ombre de cet arbre, elle va déterminer l’endroit où sera la rencontre. Les véritables rencontres n’ont lieu que dans l’ombre, et l’ombre des arbres les provoque. Pour les goûts personnels, il eût mieux valu que cela se passât dans la baie vitrée. Or, non. Et moi, j’ose si bien comprendre pourquoi, lorsqueje pense qu’il s’agira de la rencontre de l’homme et de la poupée. De plus, un vent de sirènes préside à tout. Le hameau proche, dans