Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/370

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Républicains révolutionnaires, nous ne nous conduisions pas comme un gouvernement en lutte contre un autre, mais bien comme des insurgés contre des usurpateurs qu’il nous fallait avant tout destituer.

— Ces projets se sont-ils matérialisés autrement qu’en les sorties dont vous avez parlé ?

— Il fut question, entre Rossel et les principaux chefs blanquistes, de faire un coup d’État contre la Commune, en vue d’une dictature, seule manière, à notre avis, d’arriver à se battre et cesser de délibérer. Je me rappelle une réunion tenue à la préfecture de police. Bientôt nous renonçâmes à nos projets, en voyant qu’il était trop tard. La proposition était venue de Rossel et datait de quelques jours avant sa démission.

— Et votre opinion sur la Commune, son influence ?

— … Oh, quand après huit ans de bagne, revenus, nous avons vu la République qu’on nous avait faite, nous avons dû constater que ce n’était pas la peine.

M. Victor Jaclard
Chef de la dix-septième légion

Nous interrogeons M. Victor Jaclard sur le Comité Central. Il nous répond :

— Le Comité central a commis la faute commune à la plupart des gouvernements issus d’une insurrection : il n’a pas osé. Un mouvement populaire est perdu s’il s’arrête à mi-chemin. Il fallait sans désemparer marcher sur Versailles, je l’ai réclamé dès le premier jour. Le 26 mars encore, ayant lu dans l’Officiel une note où il était question de traiter avec Versailles, je publiai une lettre qui se terminait par ces mots : « Il n’y a qu’une manière de traiter avec Versailles, c’est de la prendre. » La sortie du 2 avril décidée par la Commune arrivait trop tard ; elle aurait peut-être réussi malgré tout, si le Comité central, au lieu de s’en rapporter aux déclarations d’un individu qui était fou, avant d’être vendu, s’était donné la peine de s’assurer que le mont Valérien était aux mains de la garde nationale.

Resté inactif tant qu’il était au gouvernement, le Comité central éprouva le besoin d’agir quand il n’y fut plus. Après les élections de la Commune, s’efforçant de reprendre un pouvoir qu’il venait d’abdiquer, il réussit à créer une dualité dans la direction et à entraver l’action de la Commune.

Sur les chefs militaires :

— La plupart des généraux de la Commune avaient servi comme officiers dans les armées étrangères et possédaient, sans aucun doute, une certaine compétence dans les choses de la guerre. Mais leur erreur commune a été de ne pas tenir un compte suffisant de