Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/371

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la nature toute particulière des éléments qu’ils avaient à conduire. Rossel qui avait fait ses preuves pendant la guerre franco-allemande et qui a laissé la réputation du plus intelligent parmi les chefs, militaires de la Commune, a commis cette erreur singulière, tout comme un autre, plus qu’aucun autre ; il n’a pas compris que la masse sans cohésion de nos bataillons ne se maniait pas à la façon de régiments disciplinés à la prussienne, surtout dans un moment où la confiance dans les chefs avait subi de si rudes épreuves. Rossel a su commander, mais non se faire obéir. Les événements ne l’ont que trop prouvé. Au lieu de jeter le mépris à la face des gardes nationaux, c’est à lui-même qu’il eût dû s’adresser avec un profond meâ culpâ.

Sur l’influence que Blanqui, s’il avait été à Paris, eût pu avoir sur les événements :

— Blanqui aurait-il eu l’autorité suffisante pour entraîner la marche sur Versailles dès le 19 mars ? c’est possible. Aurait-il eu la décision nécessaire ? Je le crois. Dans ce cas tout changeait de face. Dans le cas contraire, il n’eût été comme tant d’autres qu’une force impuissante, paralysée par les circonstances. La Commune enfermée dans Paris, était enterrée avant d’être morte.

— Mais, en général, Blanqui n’était-il pas hésitant ?

— Tout chef révolutionnaire hésite quand il s’agit de jeter une organisation dans la rue, il hésite toujours parce que les moyens matériels dont il dispose sont toujours en disproportion avec l’obstacle à vaincre. C’est l’imprévu des circonstances et l’impatience de la troupe qui, le plus souvent, décident pour lui.

— Comment appréciez-vous l’attitude de la minorité de la Commune ?

— Mon opinion est que la division entre chefs est toujours à éviter sur le champ de bataille, ne serait-ce qu’au point de vue de l’effet moral ; elle est d’autant plus fâcheuse qu’elle peut paraître due à la crainte de certaines responsabilités. Au gros de la troupe elle donne alors l’impression du sauve qui peut. Les chefs oublient volontiers qu’en temps de révolution, leurs personnalités ne comptent plus.

— Et les incendies de la Commune ?

— Les incendies sont acceptés, comme moyen de défense, par les usages barbares de la guerre. Ceux de la Commune ont eu le tort d’être tellement hâtifs qu’ils ont servi à abréger la résistance au lieu de contribuer à la prolonger.

— Vous avez été aux barricades des derniers jours. Ne relateriez-vous pas quelque épisode qui soit caractéristique de l’aspect des barricades, des rues et des maisons ?

M. Jaclard, peu soucieux de se mettre en scène, hésite d’abord. Sur notre insistance, il nous fait le récit suivant. Aussi bien, il s’agit de Vermorel.

— C’était le jeudi, à une heure ou deux. Vermorel, à la mairie du xie, me dit : « On m’annonce que la barricade du Château-d’Eau