Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/382

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sauvegarde de tous par la création d’un comité élu au suffrage universel des artistes.

Que demandait encore la fédération ?

« La conservation des trésors du passé.

« La mise en lumière de tous les éléments du présent.

« La régénération de l’avenir par l’enseignement.

« Elle voulait encore que les monuments, au point de vue artistique, les musées et les établissements de Paris renfermant des galeries, collections et bibliothèque d’œuvres d’art n’appartenant pas à des particuliers, fussent confiés à la conservation et à la surveillance administrative du Comité.

« Ce Comité constate l’état de conservation des édifices, signale les réparations urgentes, etc…

« Après examen, enquête sur leur capacité et leur moralité, il nomme des administrateurs, secrétaires, archivistes, etc., etc., pour assurer les besoins du service de ces établissements.

« Dans les expositions le Comité n’admet que des œuvres signées de leur auteur. Il repousse d’une manière absolue toute exhibition mercantile, tentant à substituer le nom de l’éditeur ou du fabricant à celui du véritable auteur.

« Les travaux sont donnés au concours.

« Le Comité s’occupe tout particulièrement de l’enseignement du dessin.

« Il provoque et encourage la construction de vastes salles pour l’enseignement supérieur, conférences sur l’esthétique, l’histoire et la philosophie de l’art.

« Il crée un organe : l’Officiel des Arts.

« La partie littéraire, celle des dissertations esthétiques sera un champ libre grand ouvert à toutes les discussions et à tous les systèmes. Enfin par la parole, la plume, le crayon, par la reproduction des œuvres, par l’image intellectuelle et moralisatrice qu’on peut répandre à profusion et afficher aux mairies des plus humbles communes de France, le Comité concourra à notre régénération, à l’inauguration du luxe, aux splendeurs de l’avenir communal et à la République universelle. »

Tel fut le programme arrêté par la Fédération artistique le 10 avril 1871, dans la séance qui eut lieu dans l’amphithéâtre de l’école de médecine.

Ce programme n’est-il pas l’idéal du programme rêvé par les artistes ?

Or, les résultats de ces propositions ont été grands. Non pas parce qu’elles ont élevé le niveau de l’art, car le génie naît en dehors des programmes, mais parce qu’elles ont répandu l’art partout.

Lorsque le 5 février 1880, M. Turquet, sous-secrétaire D’État, créait la Société des artistes français, il adoptait déjà une partie du programme fédéraliste, tout en réservant les droits de l’État pour faire, lorsqu’il le jugerait à propos, le Salon officiel. Plus tard, en 1890 la Société nationale des Beaux-Arts se constitua.