Page:La Revue blanche, t24, 1901.djvu/615

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
réponse au général andré
609

Je vous prie de donner des instructions formelles peur assurer l’exécution de ces dispositions.

Le ministre de la guerre,
Général I… André


Ainsi le général André interdit la barre de justice. Nous en prenons acte.

Quant aux poucettes, il ne les supprime pas : il les réglemente.

Or, jusqu’au 9 avril 1901, date de sa circulaire, les poucettes étaient un moyen coercitif arbitraire ; infliger les poucettes à un soldat, fût-il disciplinaire, c’était commettre un abus de pouvoir justiciable, en somme, du conseil de guerre. Nul texte de loi, de décret, de règlement, d’instruction, de circulaire ou de note qui les prévit… Le système des fers, lui, comportait réglementairement l’emploi des pedottes (barre de justice ou double boucle) et des menottes, et le Journal militaire de 1868, premier semestre, n° 3, reproduit l’effigie de ces deux instruments : peut-être le ministre a-t-il confondu les menottes et les poucettes, ce qui expliquerait, dans sa circulaire, l’affirmation, complètement inexacte, que nous avons reproduite en italiques.

Quoi qu’il en soit, les poucettes — qui étaient employées dans l’armée française, mais que l’armée française n’avouait pas ont, depuis le 9 avril 1901, une existence officielle ; c’est le général André qui la leur a conférée, solennellement, — et il la leur a conférée sans le faire exprès : une fois de plus, le ministre de la guerre est mystifié par son entourage.


Cependant laissons de côté les poucettes.

Depuis la circulaire du 9 avril 1901, les cellules de correction, les casemates, les locaux disciplinaires d’Oléron seraient-ils d’une insalubrité moins meurtrière ?

Ordre est-il donné de démolir les in-pace de Richelieu ? de percer de fenêtres le mur des casemates et de tarir la citerne sur laquelle sont établis les planchers ? d’ôter les plaques de tôle qui bouchent les soupiraux de la prison et de la salle de police ? de donner à manger aux disciplinaires qui meurent de faim (une gamelle tous les quatre jours) dans les cellules de correction ?

Et le revolver ? Le général André, qui, paraît-il, a interrogé les punis, n’a-t-il pas appris que, dans les derniers mois de 1900,