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LA DÉCOUVERTE DE L’ANNEAU DE SATURNE PAR HUYGENS

mètres de l’anueau et de la planète étaient entre eux comme les nombres 9 et 4 (soit 2,25 au lieu de 2,23), ce qui eut permis à Saturne de déborder au delà de l’anneau, en adoptant toutefois les autres éléments qu’il donnait, éléments légèrement erronés. Or la planète, dans les conditions les moins favorables, ne déborda pas : Huygens n’eut aucun scrupule et adopta le rapport 17 à 6 ou 2,83, qui est absolument erroné, en prétextant que, plus les lunettes étaient puissantes, plus on devait voir un anneau étendu ; mais ses contradicteurs refusèrent d’admettre une telle différence entre la réalité et leurs propres mesures de diamètres. – Huygens, en effet, était dans son tort.

Fig. 22.
Dessin d’Huygens pour la phase de 1661. (Lettre à J Chapelain du 14 juillet 1661)

Cependant le débordement même suscita chez B. de Frenicle de Bessy[1] une hypothèse assez curieuse pour compléter la compréhension de l’anneau, qu’il développa et appuya par une série de figures très intéressantes que nous regrettons de ne pouvoir reproduire : il suppose que l’anneau est sujet à une rotation, peut-être, assurément à un balancement oscillatoire qui vient empêcher le débordement, et laisse prendre pour véridiques les mesures de diamètres antérieures. En outre, Léopold de Médicis reçut de A. Borelli[2] une importante série de dessins relatifs à Saturne ; et, pour être exacts, nous devons rappeler que, des 1658, Chr. Wren[3] avait imaginé une hypothèse très

  1. Bernard Frenicle de Bessy naquit à Paris vers 1603 et y mourut en 1675. Il était Conseiller à la Cour des Monnaies, et consacra son temps à des recherches sur la théorie des nombres, des carrés magiques, etc. ; il avait des relations avec beaucoup de savants.
  2. Giovanni Alfonso Borelli naquit à Naples le 28 janvier 1608 et mourut à Rome le 31 décembre 1679. Célèbre médecin et physicien, il nous a laissé plusieurs ouvrages et fut le chef de la secte iatro-mathématicienne. Il enseigna ses principes à Pise et à Florence, et passa plus tard à Rome sous la protection de la reine Christina de Suède.
  3. Sir Christopher Wren, neuveu de l’évêque anglican Matthew Wren (3 décembre