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LA REVUE DU MOIS

ingénieuse sur la façon dont les anses elliptiques sont rattachées à la planète, avec figures assez précises, hypothèse qui, bien interprétée, eut pu conduire à la compréhension de l’anneau — Huygens n’en eut pas connaissance à cette époque.

À présent que l’hypothèse d’Huygens est assez généralement adoptée ; qu’il a publié son ouvrage complémentaire Brevis assertio systematis Saturnii où se trouve l’essentiel de sa polémique avec Eustache de Divinis ; que Riccioli, s’il n’abandonne pas définitivement son idée d’armilles, reconnaît l’élégance et la vraisemblance de l’anneau ; nous pourrons abandonner les détails successifs de l’histoire pour tracer à grands traits l’évolution des observations et des idées en ce qui concerne l’anneau de Saturne. D’autant plus que, dès 1664, G. Campani[1] donne deux planches très intéressantes en ce qui concerne Saturne et Jupiter ; et ces dessins sont tellement détaillés, avec les indications exactes de l’ombre portée sur l’anneau, que nous avons là une preuve de la précision et de l’excellence de ses verres, ainsi que de l’exactitude de sa méthode d’observation. Huygens, au reste, rend pleinement justice à la supériorité de ces instruments et aux remarquables qualités des dessins des deux grosses planètes, mais ces qualités elles-mêmes, et la précision du dessin, marquent pour nous la limite historique, car la figuration cesserait d’être intéressante en dehors de la reproduction photographique.

Pendant ce temps les progrès continuent. En 1662, P. Petit dessine une ombre portée par la planète sur l’anneau ; Auzout, à la même époque, fait une observation analogue et, de plus, le 3 juin 1663, mentionne à Huygens que la déclinaison de l’anneau doit être sensiblement supérieure à la valeur indiquée

    1584-24 avril 1667), naquit le 20 octobre 1632 à East Knoyle (Wiltshire) et mourut à Londres le 25 février 1723. Il fut nommé professeur d’astronomie au collège de Gresham (1637) et à Oxford (1660). Dès 1663 il se voua à l’architecture, en 1668 il fut nommé Architecte du Roi, tombé en disgrâce, il perdit cette charge en avril 1718. Plusieurs fois il fut élu président de la Société Royale.

  1. Giusseppe Campani fut mécanicien et opticien à Rome ; il était fort renommé pour ses lunettes. Après sa mort, le pape Benedetto XIV acheta sa collection de télescopes et d’instruments pour l’Institut de Bologne. Il publia : Ragguaglio di due nuove osservazioni, una celeste in ordine alla stella di Saturno, e terrestre l’altra in ordine agli instrumenti, Roma, 1664.