Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/38

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l’auteur de la saga de Gunnlaug. C’est une erreur, reposant sur une assertion injustifiable du manuscrit de Stockholm qui ajoute au titre de la saga ces mots : « ainsi que l’a racontée le prêtre Ari Thorgilsson le Savant, qui a été le plus instruit parmi les Islandais pour ce qui touche l’histoire de la colonisation primitive du pays et les événements des temps passés. » Cette indication erronée est due à un copiste d’une époque postérieure. Il est à peu près certain qu’Ari n’a jamais écrit aucune saga. Les tendances critiques et toutes positives de son esprit d’historien s’y opposaient. Du reste, il existe entre son Livre des Islandais et notre saga une différence fondamentale quant au style. Là, il est bref, analytique, dépourvu d’ornements, sobre dans les descriptions ; ici, c’est une prose simple et coulante, mais non dépourvue de ces embellissements que la rhétorique met entre les mains de ses initiés. Ari, d’autre part, a vécu à une époque antérieure à celle de la rédaction de la saga. Il est mort en 1148, et celle-ci ne paraît pas remonter au delà de la seconde moitié du XIIIe siècle. Enfin, certains indices autorisent à croire qu’elle a été composée dans le pays des « Myrar », aux environs de Borg (cf. ch. IV) ; or, Ari vécut à Helgafell, à Haukadal et finit probablement ses jours à Stad, dans la presqu’île Snaefellsnes.

Quel que soit le nom de l’auteur, maint passage trahit de façon évidente la main de l’écrivain pénétré de la foi et imbu des idées chrétiennes. Nous pouvons toucher du doigt les traces de l’inspiration chrétienne et juger par là de la façon dont l’auteur envisageait la question du christianisme et de ce qu’il pensait des bienfaits de la religion nouvelle. En parlant de la reconnaissance officielle de cette dernière à l’Althing de l’an mille, il déclare que c’est l’événement le plus mémorable qui se soit accompli en