Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/96

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Quand les trois nuits furent écoulées, ils s’apprêtèrent au combat. Illugi le Noir suivit son fils dans l’île avec une suite nombreuse. Hrafn et son père étaient accompagnés de l’« homme de la loi » Skapti. Et avant que Gunnlaug mit le pied sur l’île, il dit cette strophe :

« Me voilà tout prêt à aborder, l’épée au poing, sur le rivage sablonneux où se trouve la plaine commune ; que le dieu donne la victoire au poète ! De mon glaive étincelant je vais tailler en deux le siège bouclé du casque de l’amant de Helga ; je séparerai du tronc la tête de ce misérable[1] ! »

Hrafn répondit en disant la strophe que voici :

« Poète, tu ne sais pas auquel de nous deux est réservé le bonheur de la victoire ; voici que la faucille des blessures est tirée ; la pointe va percer la jambe ; la belle qui porte des bracelets, jeune veuve abandonnée, entendra au thing vanter le courage de l’homme libre, si même nous nous blessons mutuellement[2]. »

Hermund tint le bouclier de Gunnlaug, son frère, et Sverting, fils de Hafr-Björn, celui de Hrafn. Il était convenu que celui qui serait blessé pourrait racheter sa vie pour trois marcs d’argent. Hrafn devait frapper le premier, parce qu’il avait été provoqué. Il frappa par en haut dans le bouclier de Gunnlaug ; du coup la lame se brisa en deux tout contre la poignée et atteignit la joue de Gunnlaug qui en reçut une légère blessure. Aussitôt les parents et beaucoup d’autres accoururent pour s’interposer. Gunnlaug dit : « Mainte-

  1. La plaine commune = le lieu du combat. Le siège bouclé du casque = la tête bouclée.
  2. La faucille des blessures = l’épée. La belle qui porte des bracelets = la femme ; ici, Helga.