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LE MUSÉON.

celui qui seul importe et qui, jusqu’ici, ne figurait pas dans la liste des fautes, bien qu’il se fut glissé dans le contexte Sarvāstivādin : « Ânanda n’est pas délivré du désir, de la haine et de l’ignorance ». Donc il n’est pas Arhat, donc il n’est pas des nôtres ! — Il convient d’opposer à cette rédaction le texte du Culla : « Quoiqu’il soit encore à l’étude, disent les moines à Kāçyapa, choisissez Ânanda, car il est incapable de désir, haine, ignorance ou crainte »[1].

II. Parmi les péchés d’Ânanda sont particulièrement intéressants le cinquième, le quatrième et le premier[2].

A. Cinquième faute : « Tu as encore mal fait, ô Ânanda, quand tu t’es employé à obtenir l’admission des femmes dans le Dhamma et le Vinaya proclamé par le Tathāgata ». Ânanda répond qu’il a pensé à Mahā Pajāpatī, la Gotamī, sœur de la mère de Bhagavat. Les Sarvāstivādins ajoutent, d’après Rockhill (Life, p. 152) : « Je demandai seulement que les femmes qui étaient [mes] parentes et amies pussent entrer dans l’Ordre »[3].

Nous marchons ici sur un terrain très mouvant.

  1. C’est-à-dire qu’il a dépouillé les passions que les Arhats ont dépouillées. — Voir p. 9, au bas, la confusion des abhijñās et de l’arhattva.
  2. À propos du second péché (avoir marché sur la robe) et des fautes similaires (avoir refusé de l’eau), Minayeff s’exprime ainsi : « Cette conduite d’Ananda, non seulement était une transgression des règles du Vinaya qui déterminèrent dans la suite les rapports du disciple et du maître, mais elle impliquait encore quelque chose de plus monstrueux, du mépris pour le saint suprême, pour le Bouddha ». L’observation ne me paraît pas concluante.
  3. À rapprocher de cette donnée celles que signale Minayeff, p. 41, sur le rôle de la famille des Çākyas dans la Communauté, Mahāvagga, p. 71, et les récentes découvertes archéologiques.