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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

difficulté pour attribuer à la réprimande la place de second rang qui lui convient après la narration d’un événement aussi capital que la rédaction des Écritures. L’orthodoxie n’est pas encore assez chatouilleuse pour sentir la contrariété de cette disposition chronologique ; elle n’est pas assez ferme pour écarter le souvenir précis de la « non-sainteté » d’Ānanda lors d’une réunion qui avait pour objet de le châtier[1]. — Tout ce que peut obtenir la tendance orthodoxe, c’est de promouvoir Ānanda à la sainteté durant la nuit du Concile.

Chez les Sarvāstivādins, au contraire, la réprimande d’Ānanda est devenue un jugement. Kācyapa constate que la présence du pieux ami du Bouddha dépare la sainteté générale de l’assemblée : il voit qu’Ānanda est encore sujet aux passions, colère, désir, ignorance, attachement. Il l’exclut. Ānanda répond : « Je n’ai péché, dit le texte, ni contre la moralité, ni contre la doctrine, ni contre la bonne conduite : je n’ai rien fait d’inconvenant ni de dommageable à la Communauté ! » — Kācyapa reprend : « Disciple immédiat du Bouddha, quoi d’étonnant que tu n’aies pas commis les péchés dont tu parles ? Mais, pour ce qui est de n’avoir rien fait de dommageable à la Communauté, n’as-tu pas prié le Bouddha de recevoir les femmes dans l’Ordre, les femmes que le Bouddha déclarait aussi dangereuses que des serpents et nocives à l’Ordre… »[2].

On voit que la notion de l’Arhat est encore bien « floue » ici et comme accessoire.

Aussi le texte intitulé « Collection [de l’Écriture] sous Kāçyapa » ajoute-t-il aux reproches adressés à Ānanda

  1. Le Karuṇāpuṇḍarīka connaît un Ānandaçaikṣa.
  2. D’après Rockhill ; cf. Kern, II. p. 239.