Page:La Variété, revue littéraire, 1840-1841.djvu/162

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Comme tu le vois, mon bon Ki-Aou, je n’ai point encore mis à exécution le grave et délicat projet que tu sais avoir êté la principale cause de mon départ pour l’Occident ; car, outre l’extrême difficulté que m’apporte mon imparfaite connaissance de la langue française, mes idées ne sont pas encore tellement reposées et fixées qu’il me soit permis d’exprimer un sévère mais sincère jugement sur le caractère, les mœurs et le mouvement progressif de cette nation, Pourtant, le désir de revoir notre beau pays, de recommencer et de finir mes jours près de toi, cher Ki-Aou ! — ce premier de tous mes vœux va m’aplanir la route inconnue et difficile que je dois parcourir avant de saluer au retour les côtes du céleste empire. — Deux aunées d’études et surtout d’exil me retiendront encore ; mais je compte sur ton affection fraternelle pour en charmer la triste solitude. Écris-moi, mon bon Ki-Aou ; rappelle à mon oreille et à mon cœur les accents de la patrie et le souvenir si doux de ce temps trop vite écoulé, où ; sous l’épais dôme des Mangoustanis du Tchien-Kian, dans notre retraite calme et chère, nous nous aimions, nous rêvions et nous adorions FÔ le père du soleil !

Tchin-Fô.