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Comme le bruit des mers tonne et meurt sur la grève,
La gloire de ce siècle a le destin du rêve ;
Et ces noms triomphants, que sa voix a sacrés
Pareils à des rayons dans les cieux égarés,
Symboles inconstants, que médite le sage,
S’engloutiront bientôt dans leur passé sans âge !
Ils dorment pour toujours ces siècles de splendeurs,
Dont le génie enfant domine nos grandeurs ;
Où Dante, où Raphaël, l’aigle à côté de l’ange,
Où le sculpteur géant qu’on nomma Michel-Ange,
Se partageant enfer, cieux, larmes et rayons,
Semblent dans le passé d’immenses visions !
I1s dorment pour toujours dans leur divin abime,
Ces temps miraculeux où régnait l’art sublime ;
Où le vieux mont romain, se créant d’autres dieux,
Posait ses lauriers d’or sur deux fronts radieux ;
Où l’artiste emplissait l’enceinte de la terre
Du retentissement de son nomsolitaire,
Et, noble créature, épanchait tour-à-tour
Au monde le génie, à Dieu l’hymne d’amour !
Ils ne reviendront plus ! — Et nous, atômes frêles,
Dans notre ohscurité nous agitons nos aîles !
Nous croyons au soleil, et le terrestre soir