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Étouffe sans pitié notre frivole espoir !
Sans force, sans beauté, notre âme dépendante
A rêvé le retour de l’épopée ardente,
Oublieuse qu’un jour le sombre Alighieri
Cet immortel torrent de pleurs amers nourri,
L’emporta dans l’enfer en sa funèbre course,
Puis, comme épouvanté, remonta vers sa source,
Et, glorieusement gonflant ses flots hardis,
Se perdit avec elle au divin paradis.





Ô merveilles de l’art ! ô célestes lumières !
Vous n’illuminez plus nos fragiles paupières,
Car la brutalité, notre idole d’airain,
Attelle ce qui chante à son char souvèrain !
Car, sans nulle pudeur pour notre âme immortelle
Loin d’entrer dans la gloire, il faut ramper vers elle,
Ou vivre dans la nuit en détournant les yeux,
Quand le soleil de Dieu rayonne dans les cieux !…
Pour nous, enfants obscurs, ignorants de la vie,
Nous tressaillons encor d’une immortelle envie ;