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— Les chevaux sont mis à la voiture, monseigneur.

— Partons alors.

Giovanni avait rassemblé toutes ses forces pour être à la hauteur du prince, qu’il avait en aversion. Il devinait dans lui un obstacle à tous ses rêves, et par cette prescience qui nous révèle l’avenir, il avait peur de cet homme dont la voix stridente détruisait les jeunes illusions de son âme. Aussi, à l’idée d’être seul avec Stigliano, il sentit son courage s’affaiblir, et ce fut en tremblant qu’il reçut les adieux de tous ceux qui lui étaient chers. Un seul homme n’était pas là, et Giovanni, en descendant les marches des grands escaliers, sentait une voix qui lui disait : Si tu avais voulu, frère Ambroise t’aurait béni.

— Que Dieu te guide, cher enfant !

Giovanni était dans les bras du religieux.

— Ô mon père, mon père, vous reverrai-je !

La voiture, peu d’instants après, s’élançait avec rapidité sur la route de Naples.