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Conformément aux dernières volontés de ma mère, nous embaumâmes son corps, afin de le préserver de la corruption, en attendant que l’occasion se présentât de le transporter en France. — Cette occasion ne se fit pas bien long-temps attendre. Par un heureux concours de circonstances, l’illustre princesse qui m’avait accordé si généreusement l’hospitalité était destinée à devenir l’épouse du plus grand homme des âges modernes. Le mariage entre Napoléon et Marie-Louise fut célébré à Vienne, par procureur, le 10 mars de cette même année 1810. — Ce fut ce jour-là aussi qu’un vieux puceron, célèbre par sa sagesse et sa maturité, nous unit, mon fiancé et moi, en présence d’une compagnie assez nombreuse de puces et pucerons de la première noblesse. — Quelques jours après, nous partîmes à la suite de la princesse, chargés du précieux et cher dépôt que nous avait confié notre mère. — Le 30, nous étions à Paris.

Jusqu’ici, je n’ai présenté au lecteur que des détails de famille, que des scènes intimes, si je puis m’exprimer ainsi. Désormais, je vais entrer dans la vie politique et sérieuse. Si mes récits sont plus secs et plus arides, j’aurai du moins, je le pense, aux yeux de ceux qui me liront, le mérite de redresser certaines erreurs historiques, en présentant les faits sous leur véritable jour, et en parlant, sans partialité aucune, de ce que j’ai appris sur les hommes et les choses de cette époque.

N. MILLE.