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Des amis ! — Y compter lorsque l’ouragan tonne,
Que dans les plis du flot notre esquif tourbillonne ;
Atant vaudrait sur l’algue attacher son espoir. —
Des parents ! — Y compter, oh Christ ! quelle chimère !
À peine si du port où leur sort est prospère,
Pour nous encourager ils tendraient leurs mouchoir :

Vers qui crirai-je donc lorsque tout m’abandonne ?
J’ai beau jeter les yeux sur ce qui m’environne,
De mes perplexités pas un ne prend souci.
Des dix sourds et muets que notre siècle encense,
J’attendis vainement l’impuissante assistance.
Ô Christ ! c’est de toi seul que j’implore merci.

L’exil nous fait tourner les yeux vers la patrie,
Ainsi quand l’infortune étend sa main flétrie
Nous trouvons dans nos cœurs un souvenir des cieux ;
La prière renaît dans notre âme brisée ;
C’est un soupir qui monte et retombe en rosée,
Car le père céleste entend les malheureux.