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Oh ! que j’ai gaspillé mes trésors d’allégresse !
Mes guirlandes d’enfance et mes fleurs de jeunesse
Sont éparses encore aux ronces du chemin ;
Mon cœur s’est épuisé dans des désirs sans nombre,
Bercé par l’espérance et poursuivant une ombre
Riante, à l’horizon qui reculait sans fin.

Hélas ! j’ai prodigué le luxe de mon âme,
Et j’allais bâtissant sur le sable et la lame
L’édifice sans fond de ma félicité.
Oui plus sage est l’oiseau, car au roseau mobile
Jamais il ne suspend son lit faible et fragile,
Doux trésor que le vent aurait tôt emporté.

Adieu donc songes d’or, que rêvait mon enfance,
Bonheur qui n’est qu’un nom, fugitive espérance,
Adieu !… car ici-bas pour vous poursuivre encor,
          Mes désirs flétris n’ont plus d’ailes.
          C’est vers les voûtes éternelles
Que je veux désormais diriger mon essor.

P. M. Villeblanche.