Page:La Variété, revue littéraire, 1840-1841.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 323 —

qu’un autre m’a dit : Tiens, voilà de l’or ; et j’ai tendu la main, On a payé le crime, dit Giovanni, parvenu au paroxisme de la fureur et pouvant à peine suivre ses idées.

Prince Stigliano, écoutez et vous comprendrez, il faut l’espérer,

Il y avait autrefois un jeune enfant que les cieux semblaient protéger, car un saint l’adopta, le fit entrer dans le sanctuaire, et là lui dit, en lui montrant de beaux anges d’or et la Mère de Dieu : Voilà ceux qu’il faut aimer et servir, ainsi que tous ceux qui leur ressemblent ; et le naïf enfant écouta avec respect et bonheur ces sages conseils. Il vivait à l’ombre de l’autel ; et comme son âme était disposée à écouter les voix intérieures qui lui parlaient dans la paix du cloître, il devint fervent et rempli d’amour. Puis vint l’adolescence, puis vinrent les études qui forment le cœur. Toutes ces choses avaient un charme particulier pour cet être qui recevait de l’adolescence les premiers germes de la vie, et de l’étude, les sources fécondes, qui lui firent comprendre les œuvres inmortelles de la nature, L’homme enfin succéda au premier âge. Hélas ! tout était fini. Le cœur froissé, l’esprit aigri par les malheurs, l’existence dorée avait fini pour le malheureux qu’un démon puissant tourmentait ; car vous avez compris, à cette heure. Dites, prince Stigliano, qu’avez-vous fait du dépôt que l’on vous confia ? Après l’avoir jeté dans une prison où nul ne l’aimait ; après l’avoir privé pendant trois années des baisers de sa mère, et encore de la dernière bénédiction du vieillard qui lui a donné le jour, qu’en avez-vous fait ? Vous l’avez jeté aux bras de la fièvre ; vous l’avez abandonné au hasard ; vous l’avez calomnié, diffamé ; en sorte que le prêtre qui l’avait aimé l’a oublié. Dites s’il n’est pas vrai que frère Ambroise, crédule