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— Malédiction, cria-t-il, en fuyant ; je n’oserais jamais !

Le lendemain, Ninetta était auprès de son fils, se réjouissant d’un peu de repos qu’il goûtait, car, étant rentré fort avant dans la nuit, une agitation nerveuse l’avait privé de sommeil. La pauvre femme était bien inquiète ; l’hôte n’avait voulu consentir à loger son fils et elle que jusqu’au soir, et déjà même il avait fait monter Me Isaac, brocanteur juif, pour estimer le petit mobilier de Ninetta. Soudain, elle sentit un tremblement la saisir, on avait frappé à la porte ; ce devait être le Juif et l’Italien ; mais enfin un second coup qui se fit entendre la décida à ouvrir, et la pauvre mère, persuadée que c’étaient ces funestes visiteurs, leur dit :

— Par pitié, signor, ne troublez pas le sommeil de Giovanni. Elle s’arrêta, ce n’étaient point l’hôte ni Me Isaac.

— Je vous dérange, signora, mais le nom que vous venez de prononcer me prouve que c’est bien ici que reste le maestro Pergolèse.

La personne qui prononça ces paroles était un vieillard chez qui tout annonçait la bonté. Avec une bienveillance aimable, il reprit :

— Vous êtes sans doute Ninetta, la veuve de ce bon Ludovic que j’ai tant aimé ? Nous ne sommes pas tous heureux sur la terre, et les sept années que vous avez passées à Naples vous ont occasioné des peines, mais elles auront un terme, Un ami de votre fils a su que l’injustice l’éloignait du théâtre ; on lui a confié, et que cela ne vous offense point, qu’une gêne momentanée vous exposait aux misérables tracasseries de votre hôte. Votre fils a des qualités trop précieuses, son talent mérite d’être connu ; mais vous le savez, soupçonneux, fier, il refusa un offre bien simple, un prêt de quelques florins. C’était