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qu’une fois, et encore quelques minutes seulement. Cependant il voulait lui faire ses adieux, lui dire encore une fois qu’à elle seule appartenait son amour, que rien au monde ne pouvait l’en séparer, et il fallait partir le lendemain matin. Il parvint à le lui faire Savoir, ajoutant que le soir à dix heures il l’attendait près la croix de Kerlaven.

Arthur y était à l’heure dite : Marie n’arrivait pas. En attendant il se mit à prier avec ferveur : la prière soulage. Il prit Dieu à témoin de la pureté de son amour, et lui offrit le sacrifice qu’il était obligé de faire en quittant Marie peut-être pour ne plus la revoir.

Enfin la jeune fille arriva. Elle s’agenouilla près de lui, et leurs âmes se confondirent pendant quelques minutes dans une même prière, puis ils se levèrent,

— M’aimez-vous, Marie ?

— Si je vous aime, Arthur ! Pouvez-vous me le demander après la démarche que je fais ce soir. Mon père m’avait défendu de vous revoir, et je suis ici.

— Eh bien ! venez avec moi devant cette croix, qu’éleva au sauveur du monde la piété de votre mère, et répétez le serment que je vais faire :

« Devant toi, ô mon Dieu, je donne ma foi à Marie Rosaker. »

— « Devant toi, ô mon Dieu, répéta la jeune fille, et devant ma mère, qui fit élever cette croix en ton honneur, je donne ma foi à Arthur Lery. »

En ce moment une voix de vieillard se fit entendre : il criait : « Marie ! Marie ! où donc es-tu ? Que fais-tu là si