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long-temps. ? »

— C’est mon père !… Adieu, Arthur, que Dieu conduise vos pas.

— Allez, ma fiancée, allez, que la mère du Sauveur veille sur vous.

J’ai ouï dire que deux ans après, les habitants de la commune de D*** trouvèrent en sortant de la messe un jeune homme aux traits amaigris, en habit de voyage, agenouillé sur une tombe, que surmontait une croix blanche.

J’ai ouï dire encore qu’après deux ans d’absence, Arthur, voyant toutes les lettres qu’il écrivait à Marie rester sans réponse, voulut aller lui-même connaître la cause de ce silence prolongé. Il craignait, avec raison, que ses lettres ne fussent pas arrivées à leur destination, et que la jeune fille ne l’accusât de l’avoir oubliée, Au moment où il entrait dans le bourg de D***, les tintements de la cloche l’avertirent que le Sauveur du monde venait de descendre sur l’autel, et que le sacrifice allait s’accomplir… Bientôt la messe serait finie ; et dans cette foule qui allait sortir de l’église, Arthur espérait apercevoir sa fiancée, ou du moins quelqu’un qui pût lui donner de ses nouvelles, En attendant, il entra dans le cimetière, qui, là, comme dans presque tous les bourgs de Basse-Bretagne, entoure la maison du Seigneur, et, pour passer le temps, se mit à examiner les croix des tombeaux. Une croix blanche se faisait remarquer entre les autres ; il s’en approcha : pour toute inscription, on n’y lisait qu’un nom :.… « Marie Rosaker ! »

J. M. Tiengou.