Page:La Vie littéraire, I.djvu/269

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nombre d’inexactitudes. La question est de savoir si l’on doit écrire des histoires générales. La mode en semble passée aujourd’hui.

Les érudits de la nouvelle école, qui se vouent à cette heure à l’étude de la Révolution, sont plus enclins à publier des documents qu’à les mettre en œuvre. Ils proscrivent toutes les histoires générales, hors celles de Michelet, qui leur apparaît comme une sorte d’épopée dans laquelle toute licence est licence poétique. Ils nous donnent à entendre qu’il est imprudent de rien écrire sur la grande époque avant que tous les papiers des dépôts publics soient imprimés, ce qui sera l’affaire de deux ou trois cents ans au plus. C’est à peine s’ils permettent à M. Sorel et à M. Chuquet de traiter en attendant des relations extérieures et des campagnes. Le conseil municipal de Paris a ordonné des publications considérables de documents inédits qui sont poussées avec une grande activité. M. Maurice Tourneux est chargé pour sa part d’un travail devant lequel un bénédictin eût reculé.

Cela est fort bien. Mais, si l’on considère que les témoignages imprimés vont à cinquante mille volumes environ, et que les témoignages inédits sont beaucoup plus considérables, on désespérera de savoir jamais l’histoire de la Révolution. Permettez-moi de vous faire à ce sujet un conte que l’abbé Blanchet a fait avant moi, bien mieux que je ne saurais le faire. Mais, n’ayant pas son livre sous la main, je me