Page:La Vie littéraire, I.djvu/326

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voix tombait. Il semblait aspirer dès lors au repos définitif qu’il goûte aujourd’hui. Peut-être il m’eût semblé moins éteint s’il n’avait été accompagné, dans cette promenade le long de la falaise, par M. José-Maria de Hérédia, l’excellent poète, qui est tout éclat et toute sonorité, qui pétille, crépite et rayonne sans cesse. Mais, sans ce contraste, il était visible que déjà Becq de Fouquières consentait à mourir : il avait publié les œuvres d’André Chénier, établi le texte du poète avec autant d’exactitude qu’il est possible de le faire actuellement ; il avait éclairci, commenté, illustré ce texte par des notes et des préfaces, par un recueil de documents et par des lettres adressées tant à M. Antoine de Latour qu’à M. Prosper Blanchemain et à M. Reinhold Dezeimeris. Sa tâche était faite. Rien ne le retenait plus en ce monde, et la maladie, qui commençait à venir, ne lui semblait pas trop importune.

Sa vie fut modeste. Mais César, à le prendre au mot, s’en serait contenté. Car M. Becq de Fouquières fut le premier dans son village. Il laisse le renom de prince des éditeurs. Entendons-nous : son domaine n’est pas celui où règnent les grands philologues, les Madvig et les Henri Weil. Ceux-là sont des savants. M. Becq de Fouquières fut un lettré. Le texte qu’il constitua est un texte français, presque contemporain. Mais, comme il l’a dit lui-même avec raison : « Constituer un texte est toujours une tâche délicate où les esprits les mieux exercés peuvent souvent faiblir. » Le