Page:La Vie littéraire, II.djvu/215

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Faugeron dans ses Mémoires cités par M. Houssaye, nous croyions le voir partout. Il nous avait tous battus les uns après les autres. Nous craignions toujours l’audace de ses entreprises, la rapidité de ses marches et ses combinaisons savantes. À peine avait-on conçu un plan, qu’il était déjoué par lui. »

Nous avons revu, il y a dix-huit ans, les Allemands en France, nous avons vu tomber nos places de guerre et Paris, affamé, ouvrir ses portes à l’ennemi victorieux. Alors, nous n’avons pas retrouvé Napoléon. Nous n’avons pas vu se lever sur nos routes sanglantes, à l’appel d’un grand capitaine, ces victoires blessées à mort, dont parle l’éloquent Lacordaire. Mais si un grand capitaine a manqué à la France, la France ne s’est pas manqué à elle-même. Grâce à Dieu, les hontes de 1814 ont été épargnées à la France de 1870. Nous n’avons pas vu des Français dans les rangs de l’ennemi. Le patriotisme, né avec la démocratie, est aujourd’hui plus pur, plus fier, plus délicat, plus exquis que jamais ; il est dans toute la fleur de son sentiment.

Comparez l’entrée des alliés à Paris en 1814 et l’entrée, des Prussiens en 1871. En 1814, la foule des curieux afflue sur le passage des vainqueurs. Les boulevards prennent un air de fête. La ville entière se donne le spectacle des Cosaques, acclamés par une poignée de royalistes. En 1814, comme l’a dit M. Henry Houssaye, « Paris ne comprit pas la dignité des rues désertes et des fenêtres closes ».