Page:La Vie littéraire, II.djvu/336

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germes de la terre, de l’air, des mers et aussi du feu subtil ; comme de ces principes sortirent toutes choses et se consolida le tendre globe du monde, etc., etc. » Fernand Calmettes sortait alors de l’École des chartes, où il avait soutenu une thèse sur les manuscrits de Tacite.

La soutenance de cette thèse avait été signalée par une altercation assez vive entre M. Quicherat, qui présidait la séance, et l’archiviste candidat, au sujet de la transcription des noms propres latins en français. L’élève tenait pour une méthode fixe ; il voulait, comme M. Leconte de Lisle, que tous les noms fussent transcrits lettre pour lettre, en respectant la désinence étrangère, Roma, Tacitus, Tiberis.

Le maître défendait la transmission orale, fondée sur les lois de l’accentuation. Rome, Tacite, Tibre. L’élève demanda alors à M. Quicherat si, pour observer ces mêmes lois, il dirait Quinte Fabre Favre au lieu de Quintus Fabius Faber. M. Quicherat allégua l’usage et se fâcha tout rouge. Fernand Calmettes éprouva ce jour-là qu’il est parfois dangereux d’avoir raison. Mais il ne profita pas de la leçon ; c’est un esprit logique, qui ne connaîtra jamais l’art charmant d’avoir tort à point et quand il faut. C’est pourtant là une grâce irrésistible, Le monde ne donne raison qu’à ceux qui ont quelquefois tort. Quand je le connus, en 1868, Fernand Calmettes, s’occupait d’épigraphie et de numismatique, et copiait des chartes par les belles nuits d’été. C’était un grand archéologue de vingt ans ; mais un archéologue tout à fait singulier, car il avait des idées générales et