Page:La Vie littéraire, II.djvu/337

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une merveilleuse abondance de méthodes philosophiques. Il m’en a même donné deux ou trois qui m’ont été fort utiles.

Je n’ai jamais connu un constructeur qui fît tant d’échafaudages. Ce n’est pas tout. Cet archéologue n’aimait pas l’archéologie, et il ne tarda pas à la prendre en horreur. Il y excellait pourtant, et si les travaux épigraphiques qu’il a écrits étaient signés de son nom, il serait aujourd’hui de l’Institut. C’est une question de savoir s’il s’y plairait, car il aime terriblement le grand air. Il a l’âme rustique. En 1870, pendant nos longues factions sous les armes, il se prit de goût pour la peinture et il se mit à dessiner avec cette ardeur patiente et cette imagination méthodique qui sont le fond de sa nature. Depuis lors, il est devenu le peintre qu’on sait et dont on estime le talent énergique, sincère et pensif.

Quand il me serra la main dans cette belle baie de Somme, si je le reconnaissais sous le hâle et l’embrun, mon vieil ami Fernand Calmettes ! J’appris de lui qu’il était installé tout proche dans un de ces villages de la côte où le vent chasse tant de sable qu’on enfonce dans les rues jusqu’aux genoux. Il venait là passer chaque année quatre ou cinq mois et, par un instinct d’harmonie, il s’était fait semblable aux marins parmi lesquels il vivait et dont il aimait la simplicité grave et la grandeur naïve. Il ressentait une sympathie de peintre et de poète pour ces simples qui n’ont, dans le combat de la vie, d’autres armes que leur filet, ces grands enfants qui connaissent les ruses des poissons et ne connaissent