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NOTICE


l’amour ait jamais inspirées à notre Sapho lyonnaise. S’adressant à l’infidèle et, s’examinant devant Dieu, elle dit :

J’ay de tout tems vescu en son service
Sans me sentir coulpable d’autre vice
Que de t’avoir bien souvent en son lieu
D’amour forcé, adoré comme Dieu.

Et plus loin elle semble vouloir sacrifier son amour au bonheur de son amant. Cet élan enflammé lui dicte les beaux vers suivants :

Goûte le bien que tant d’hommes désirent :
Demeure au but où tant d’autres aspirent :
Je ne dy pas qu’elle ne soit plus belle ;
Mais que jamais femme ne t’aymera.
Ne plus que moy d’honneur te portera.

Ici se place l’aventure de Perpignan qui a tant occupé les commentateurs. La plupart ont cru que Louise Labé avait suivi à cheval l’armée commandée par le Dauphin en 1542 et avait assisté au siège de Perpignan, capitale du Roussillon. La légende est jolie et plus jolie encore le nom de Capitaine Loys que les gentilshommes, émerveillés de la bravoure de notre héroïne, lui décernèrent.

La vérité est tout autre. Il est de fait que Louise savait piquer un cheval et jouer de l’épée à ravir. Elle même a écrit à ce sujet des vers révélateurs.