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LOUISE LABÉ


Mais quoi ? amour ne put longuement voir
Mon cœur n’aimans que Mars et le savoir.

Or ces qualités guerrières ne se montrèrent pas dans une expédition réelle contre les Espagnols, mais dans un tournoi auquel elle prit part sur la place Bellecour à Lyon, lors du passage du Dauphin dans notre ville, se rendant à Perpignan. Montluc déclare qu’il ne vit jamais armée plus brillante, plus luxueusement équipée. La jeunesse lyonnaise, partagée en deux camps, espagnols et français, simula la prise de la capitale du Roussillon. Louise Labé joua son rôle, aux côtés de son frère François Labé, ainsi qu’avaient accoutumé les dames, en ce temps où l’usage du cheval était commun aux deux sexes par suite du peu d’emploi des voitures.

Quoiqu’il en soit l’amour devient sa grande affaire. Très entourée, très désirée la Belle Cordière est célèbre pour sa beauté et son esprit. L’un trouve dans son nom l’anagramme de Belle à soy, un autre fait la description de ses charmes, un troisième l’appelle la dixième Muse. Ainsi se forme autour d’elle un cercle d’admirateurs et de beaux esprits qui la visitent, lui dédient des vers, goûtent ses « exquises confitures ». Sa maison est le rendez-vous de la haute société. « Elle y recevait gracieusement, écrit du Verdier, seigneurs, gentilshommes