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fin de roman

dans les Laurentides, il avait rencontre Mme Louye, petite brune aux grands yeux noirs, avec une figure très expressive, spirituelle, amusante et gaie qui l’avait séduit au premier abord. Lui aussi lui plaisait beaucoup et ils trouvaient un grand charme dans la compagnie l’un de l’autre. Paul Amiens avait en toute franchise informé sa nouvelle connaissance que sa femme alcoolique l’avait abandonné. Dans son idée, Mme Louye estimait qu’il était préférable qu’il en fût ainsi car elle réalisait que la vie quotidienne avec une femme ivrognesse était une terrible épreuve, bien difficile à supporter. « Je crois que vous avez été chanceux que les choses aient tourné ainsi », lui déclara-t-elle, « car autrement, votre existence aurait été un enfer. »

Les quelques jours que les deux amis vécurent l’un près de l’autre furent un enchantement. Ils se découvraient constamment de nouvelles affinités, ce qui les ravissait et les liait davantage. Et lorsque Paul Amiens retourna à la ville, ce fut avec la promesse qu’ils se reverraient bientôt. En effet, dix jours plus tard, Mme Louye abrégeait le séjour qu’elle s’était proposé de faire à la campagne et rentrait elle-même dans la grande cité, tant elle avait hâte de retrouver son nouvel ami. Pendant cette brève séparation, elle n’avait cessé de penser à cet homme et elle se disait que s’il avait été libre, elle n’aurait pas hésité un moment à l’accepter comme mari s’il le lui avait proposé, mais il n’en était pas ainsi. Il était marié et cela changeait complètement la situation. Alors, lorsqu’elle songeait à l’avenir, elle se livrait simplement à la joie de retrouver l’homme qui avait conquis son cœur, sans se demander ce qui arriverait ensuite.

Mais ce qui devait arriver arriva. Lorsqu’ils se revirent, elle s’abandonna à lui lorsqu’il lui déclara son amour, elle