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fin de roman

se donna simplement, comprenant qu’il devait en être ainsi, que cela était inévitable, réalisant qu’ils étaient faits l’un pour l’autre et croyant sincèrement que c’était pour la vie.

C’était une tendresse réciproque qu’ils éprouvaient et leur attachement mutuel ne fit qu’augmenter avec le temps. Ils s’aimaient profondément, complètement et goûtaient lorsqu’ils étaient ensemble un bonheur indicible. C’était une belle et grande passion que la leur et elle ne connut jamais de défaillance.

Au début, Paul Amiens ne venait voir Mme Louye qu’à l’heure où il savait que son fils Marc était au lit, ne voulant pas inquiéter ce jeune être par la présence d’un étranger auprès de sa mère. Un peu plus tard cependant, il renonça à cette précaution et il devint rapidement pour le garçonnet une figure familière.

Parfois, par des fins d’après-midi, Mme Louye allait rendre visite à son ami à son appartement. Là, loin de tous les regards indiscrets, ils se sentaient plus à leur aise, éprouvaient une joie plus grande de se trouver réunis.

Des années passèrent.

Puis le jeune Marc fit sa première communion. Ce fut un grand jour pour lui. Il était très pieux et continuait d’être le doux et sage petit garçon qu’il avait toujours été. Lorsqu’il eut douze ans, sa mère le mit au pensionnat. Mme Louye et Paul Amiens eurent alors toute liberté de se voir. Ils profitèrent largement de cet avantage qui s’offrait. Chaque soir, ils passaient de longues heures l’un près de l’autre et ils ne pouvaient se décider à se séparer.

Marc exprima un jour son désir de faire un cours classique. À l’automne, sa mère lui fit faire son entrée dans un collège de renom. Tout de suite, ses bulletins attestèrent qu’il était studieux, appliqué à tous ses devoirs et qu’il avait