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fin de roman

toujours une excellente conduite. Cela, c’était consolant pour la mère qui, aux distributions de prix, s’enorgueillissait des succès de son fils.

Lorsqu’on est heureux, les années passent vite.

Marc avait terminé ses études et il annonça à sa mère qu’il voulait se faire prêtre. Elle ne fut nullement surprise, car, depuis son enfance, il avait toujours été sage, pieux et sa conduite n’avait jamais cessé d’être irréprochable.

— Si tu crois que c’est ta vocation, fais-toi prêtre. J’en serai heureuse, lui répondit-elle.

Le jeune homme entra donc au séminaire pour se préparer au sacerdoce. Pendant que Marc se tournait vers Dieu, Mme Louye et Paul Amiens continuaient de vivre de belles heures, des heures si belles qu’ils avaient parfois l’impression que c’était un rêve…

Les années passaient.

Il y avait environ dix-neuf ans que durait le roman de Mme Louye et de Paul Amiens lorsque passa le premier nuage dans le ciel bleu de leur amour. Lorsqu’il arriva un soir chez son amie, l’homme n’avait pas son expression habituelle. Sa figure paraissait légèrement soucieuse. Mme Louye le remarqua immédiatement.

— Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce qui te tracasse ? demanda-t-elle tendrement comme pour chasser par ses paroles l’ennui qu’elle lisait sur le front de l’aimé.

— Voici, dit-il vivement, comme pour se décharger du poids qu’il avait sur le cœur, ma femme est venue me voir.

— Ta femme est allée te voir. Et qu’est-ce qu’elle veut ?

— Elle demande que je la reprenne.

— Toi, qu’est-ce que tu lui as répondu ?