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fin de roman

— Écoutez, maman, vous êtes malade. Vous ne pouvez rester seule et sans soins. Vous devriez vous mettre en pension dans un couvent, dans une institution où vous auriez une chambre, où l’on vous servirait vos repas, où l’on aurait pour vous tous les soins.

— Tu veux m’envoyer à l’hospice ! éclata la mère. Eh, bien ! je n’irai pas. Je veux rester chez moi.

— Alors, prenez une servante qui arrivera le matin, vous préparera votre déjeuner, passera la journée ici et s’en retournera chez elle le soir.

— En connais-tu, toi, des servantes ?

— Je n’en connais pas, mais je vais vous en trouver.

Valentine trouva une servante qui se présenta chez Mme Lebrun. Elle y passa une journée, mais elle ne revint pas le lendemain, furieuse de se voir injurier par cette vieille folle. Une deuxième résista pendant deux jours aux insolences et aux grossières insultes de la malade. Une troisième, qui avait tenté de répondre à sa maîtresse, fut promptement mise à la porte la journée même de son entrée en service.

La situation était critique. Valentine prit alors une décision héroïque :

— Écoute, dit-elle à son mari, je vais vous donner à déjeuner le matin et, après le départ des enfants pour l’école, je me rendrai chez maman pour en prendre soin. Je demanderai à ta sœur qui habite au-dessus de nous de leur donner le dîner à midi et je reviendrai le soir pour le souper.

Ainsi fut fait.

Mais la tâche était dure, très dure. La vieille dame était intraitable. Au lieu d’être touchée des bons soins que lui prodiguait sa fille, elle se montrait méchante, injuste, l’insultant bassement, accablant la pauvre Valentine des