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fin de roman

— Puis, avez-vous trouvé votre argent ? s’enquit le constable.

— Oui, heureusement. J’avais là six cent quatre piastres, répondit-il.

— Ben, vous avez eu de la chance, déclara le policier. Mais ce n’est pas une banque pour serrer là votre fortune, ajouta-t-il en manière de conseil.

Accompagné de la femme et portant sa brochette de poissons et la gerbe de lilas, M. Péladeau arrivait à ce moment.

— Une vraie catastrophe, déclara-t-il.

— Oui, et ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que je n’ai pas un sou d’assurance. Je perds gros.

— Nos plans pour ce soir sont considérablement dérangés, fit M. Péladeau avec une expression désappointée.

— Il va falloir que je me trouve un gîte pour la nuit. Gardez le poisson et les lilas. Moi je prendrai la femme.

— Bien. D’ailleurs, je ne peux l’amener à la pension. C’est contre les règlements.

Alors, regrettant la bonne fortune manquée, M. Péladeau prit le chemin de la triste cellule où il vivait sa morne existence de célibataire.

— On ne couchera pas ici ce soir, annonça M. Petipas en s’adressant à sa compagne. Viens, fit-il.

À quelques pas, était une maison de chambres tenue par un étranger. Pour une piastre payée en entrant, M. Petipas trouva là un logement pour la nuit. Ce n’était pas un palais. Réellement une chambre sordide, une chambre pour calamiteux, mais il n’était pas d’humeur à faire des extravagances. D’ailleurs, il ne voyait pas la laideur de la