Page:Labiche, Delacour, Choler - Les Chemins de fer, 1867.djvu/124

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chercher. (À Ginginet, avant de sortir.) Ne partez pas sans moi…

GINGINET.

Soyez tranquille ! (À part.) S’il croit que je tiens à l’attacher à ma personne.

JULES, de la porte.

À quelle station descendez-vous ?

GINGINET.

Je ne sais pas !

JULES.

C’est justement là que j’ai affaire. (Il sort à droite et ferme la porte très-fort. Ginginet se baisse très-effrayé.)


Scène VII

GINGINET, COURTEVOIL, endormi.
GINGINET, s’habillant.

Ah çà ! est-ce qu’il va s’accrocher à nous jusqu’à la Saint-Sylvestre ?… Évidemment, c’est pour ma femme… il l’a embrassée… dans le buffet… Si je pouvais lui faire manquer le train ! (Trouvant un pantalon sur une chaise.) Son pantalon ! si j’y faisais un petit accroc… (Il tire dessus et le déchire.) Ce n’est pas assez, il faut qu’on ne puisse pas le raccommoder avant le départ du train… élargissons… (Il tire de nouveau sur le pantalon, qui se déchire en deux.) Ah ! saprelotte ! j’ai trop tiré… Il va s’en apercevoir. (Examinant le pantalon et poussant un cri.) Ah ! mon Dieu ! c’est le mien ! (Il regarde Courtevoil avec effroi, et répète tout bas.) C’est le mien !… je me suis trompé… Comment faire ? Bah ! je vais prendre le sien… et lui laisser celui-là !…

COURTEVOIL, rêvant.

Formez les faisceaux !

GINGINET, se sauve derrière les rideaux, et passe le pantalon.

Il est un peu juste… il n’a aucune ampleur, ce garçon-là… et ça veut plaire… Maintenant… mon habit…