Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/253

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Scène VI.

BLANDINET, puis LÉONCE.
BLANDINET, seul.

Je n’ai pas de chance aujourd’hui !… Ceci n’est rien… eh bien, ça me taquine… Il faudrait donc renoncer à croire aux bottiers… je ne crois déjà plus aux restaurateurs… (Il se débarrasse des chaussures, qu’il place sur la chaise à gauche.) Et ma femme qui ne revient pas… (Regardant à sa montre et soupçonneux.) Deux heures de bain, c’est bien extraordinaire… il faut avouer que je suis d’une bonne pâte… Je laisse Henriette aller, venir, sortir, rentrer… une femme plus jeune que moi… beaucoup plus jeune… et jolie !… coquette… je le suppose… car je ne m’en suis jamais aperçu… mais elle achète des diamants, des dentelles.. pour plaire à qui ? allons ! voilà que je soupçonne ma femme à présent ! c’est cet animal de François qui me fourre ses idées dans la tête !

LÉONCE, entrant par le fond.

Je viens de chez l’agent de change… voici le montant des vingt-cinq Lyon.

Il lui remet un portefeuille.
BLANDINET.

Merci ! (Il met le portefeuille dans la poche de son habit, qu’il boutonne par un mouvement de réflexion.) Mon ami, j’ai à te parler.

LÉONCE.

Moi aussi, mon père.

BLANDINET, allant chercher une bottine et revenant près de son fils.

Laisse-moi commencer… Léonce, tu ne sais pas une