Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/285

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FRANÇOIS.

Tu me le donneras… nous verrons, quand tu te marieras, à le placer dans ta corbeille…

TIBURCE.

C’est trop juste ! (Posant un papier sur la table.) Le voilà !

FRANÇOIS, le prenant.

Qu’est-ce que c’est que ça ? une reconnaissance du mont-de-piété ! (Marchant sur lui avec menace.) Misérable ! Ah ! tu mets au mont-de-piété !

TIBURCE, résolument.

Oui, mon père, les jours où j’ai faim !

FRANÇOIS.

Quoi ? faim !… et tes leçons ? tes répétitions ?

TIBURCE.

Je vous ai trompé… je a en ai pas !

FRANÇOIS.

Alors, de quoi as-tu vécu depuis deux ans ?

TIBURCE.

Ah ! ça, je n’en sais rien… mais il y a des jours où je me suis couché sans avoir… je buvais ma carafe…

FRANÇOIS.

Comment ! Ah ! mon Dieu !… (À part, très-ému.) Mon pauvre enfant ! mon petit Tiburce ! sa carafe !… (Le regardant.) Comme il est maigre ! (Haut.) Tiburce !

TIBURCE.

Papa ?

FRANÇOIS, lui ouvrant ses bras.

Viens donc !