Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/288

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LÉONCE.

Heureusement, mon père, qu’il s’agit d’un vieil ami… et votre cœur, j’en suis sûr, vous eût rendu la mémoire.

BLANDINET.

Oh ! le cœur ! vois-tu, à mon âge… il ne faut pas trop compter sur cet organe-là.

LÉONCE.

Et moi, j’y compte mon père… comme je compte sur vous. (Lui serrant la main.) Adieu et merci !

Il sort.

Scène VII.

BLANDINET, puis JOSEPH.
BLANDINET, seul.

Un enfant !… je suis fâché de le voir aussi romanesque… (Ouvrant un tiroir et en tirant une liasse de billets.) Les Voilà ! ces cinquante mille francs… en bons billets de banque… Tiens ! ils sont tout neufs !.. ! (Comptant.) Un, deux, trois… C’est ennuyeux de prêter des billets neufs… on vous en rend des vieux… déchirés… quatre, cinq… quand on vous les rend !… six, sept, huit… Aubertin ne me les rendra jamais… c’est un homme coulé… neuf, dix… Son navire n’est pas assuré… onze… Les Américains l’ont pris, son navire !… C’est un peuple actif, vigilant, audacieux… Eh bien, où en étais-je ? Allons, bon ! il faut que je recommence… Un, deux… J’ai chaud !… c’est drôle comme ça échauffe de prêter de l’argent… trois, quatre, cinq… Et d’abord a-t-il un navire ? il me l’a dit… mais je ne l’ai pas vu !… six, sept… Si encore cette somme devait le sauver… mais elle ne le sauvera pas… huit… elle servira à