Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/426

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Madame de Guy.

Assieds-toi là, près de moi !

Horace.

Je commence : Pour faire une bonne brique, on la met dans le four ; pour faire un bon soldat, on l’envoie en Afrique : j’ai donc débuté par l’Afrique ! Franchement, je n’y ai rien fait de remarquable, je me suis laissé cuire.

Lucile.

Eh bien, et les Arabes ?

Horace.

Oh ! il n’y a plus rien à faire avec eux… c’est un peuple fatigué… (Avec dédain.) Ca laboure et ça promène des moutons… Une fois, cependant, je me suis trouvé enfermé dans un petit fortin, avec quinze hommes, sur les limites du Sahara… C’est là qu’il fait chaud, ma tante !… Au fait, vous y étiez !…

Madame de Guy.

Moi ?

Horace.

Grâce à Nadar !… Nous étions cernés par des tribus ennemies qui rôdaient autour de nous, comme des troupeaux de loups affamés…

Lucile.

Ah ! mon Dieu !

Horace.

Mais nous les tenions à distance avec une petite pièce de quatre qui semblait les contrarier vivement… Au bout de vingt et un jours, je m’aperçus que nos provisions étaient épuisées : ni pain, ni eau !

Madame de Guy.

Ni pain, ni eau !