Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 03.djvu/23

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Colombot.

Ne vous faites pas attendre… à onze heure précises.

Célimare.

Soyez tranquille.

Colombot sort par le fond.


Scène VI

Célimare ; puis Vernouillet
Célimare, seul.

Il dit qu’il est franc… je le trouve malhonnête, moi. Il me considère comme un fruit sec de la galanterie… c’est à pouffer de rire : j’avais bien envie de lui ouvrir ce petit coffret… (Il l’ouvre et y prend des lettres.) Les lettres de madame Vernouillet… Cette pauvre Héloïse. (Montrant les lettres.) Ceci représente cinq ans d’une passion… C’était une saisissante Bordelaise… mariée à un vieux bonhomme sans éclat ; elle n’avait qu’un défaut… mais un défaut terrible… Comme tous ceux de Bordeaux, elle aimait les champignons… et elle croyait les connaître, la malheureuse ! Si bien que, tous les dimanches, nous partions de Paris le matin, elle, son mari… et un petit panier… et nous allions dans le bois de Meudon herboriser des vénéneux… Elle s’écriait : "Ah ! voilà un cèpe ! ah ! voilà une oronge ! " et elle fourrait tout ça, dans son petit panier… Vernouillet nous suivait de loin, de très loin… c’était charmant… Le soir, on me retenait à dîner. Inutile de dire que je ne touchais pas à cette affreuse fricassée, assaisonnée à l’huile et à l’ail… Certainement, je ne suis