Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 03.djvu/349

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Ca n’a l’air de rien, mais c’est énorme !… "J’invite le colonel…" le colonel Bernard… un ami de la maison… des moustaches… belle tenue militaire… nous le recevions autrefois, tous les jeudis, pour faire le whist… et il parait qu’il faisait la cour à ma femme… Je ne m’en serais jamais douté… c’est elle qui me l’a dit… Aussi, quand elle parle d’inviter le colonel…

Air : Du haut des cieux, ta demeure dernière

À ce nom seul, échappé de sa lèvre,
Je sens, soudain, un frisson me saisir !
Mon cœur frémit, et j’éprouve la fièvre
Que Balthazar à son lunch dut sentir,
Et, comme lui, je vois mon front jaunir !
Ah ! si bientôt, terminant ta carrière,
Tu délivrais ce monde, en le quittant,
Du haut des cieux ta demeure dernière,
Mon colonel, tu me verrais content !
Ah ! que je serais content !

Dame, une femme qui se croit offensée, trahie, c’est très dangereux !… Mais ce déjeuner !… Il faut que j’attendrisse Elisa… Je vais lui avouer ma position… La voici !… De la douceur !… du moelleux !

Elisa.

Je viens de payer la note du tapissier.

Carbonnel.

Tu as bien fait, parce que, quand on doit… Mon Dieu, que tu es donc fraîche et jolie ce matin !… une rose pompon !…

Elisa.

Qu’est-ce qui vous prend ?

Carbonnel.

Moi ? rien… je te dis ça comme…