Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/108

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Madame de Verrières.

Ah ! mon Dieu !… monsieur… rappelez votre raison !

Armand.

C’est ce que j’ai fait… madame… elle est revenue…

Madame de Verrières.

Comment ?

Armand.

Pendant la huitième contredanse.

Madame de Verrières.

Je ne comprends pas…

Armand.

J’ai causé avec Thérèse… c’est un ange ! Elle n’a aucun de mes goûts !… Elle aime le monde, le bal, les robes, le chat de sa pension, Boboche… Cinq minutes lui ont suffi pour démolir mon roman de fond en comble.

Madame de Verrières.

Comment ! vous ne l’aimez plus ?

Armand.

Je ne l’ai jamais aimée… c’est une autre… c’est une Thérèse de fantaisie que j’aimais… les marins sont habitués à ces sortes de déceptions… Avez-vous navigué, madame ?…

Madame de Verrières.

Oh ! fort peu !

Armand.

Que de fois il m’est arrivé de m’éprendre à distance pour une de ces jolies petites villes qui fleurissent entre les rochers, au bord de la mer… Un rayon de lune… une disposition de l’esprit, vous les font apparaître douces, reposées, mélancoliques… C’est là qu’on voudrait finir