Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/240

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Quelquefois je glisse sur le parquet… quelquefois je me cogne contre un meuble… ou contre… autre chose… ça me réveille, je rentre en moi-même… je suis honteux du désordre que j’ai causé… et je n’existe plus jusqu’au moment où il m’est permis de présenter à ma danseuse mes excuses et mes regrets.

Berthe.

Des excuses ? mais c’est moi qui vous en dois… et je vous prie bien d’oublier un mouvement… d’impatience !

Chatenay.

L’oublier ? jamais. Il y a dans ce qui m’est arrivé… par votre intermédiaire… je ne sais quoi d’imprévu, de piquant, d’original qui me séduit… qui m’enchante… Croiriez-vous que, depuis hier… cette charmante petite… rencontre ne me sort pas de la tête… elle me trotte… : elle me galope… enfin je n’y tenais plus… j’avais besoin de vous voir, de vous dire…

Berthe.

Ah ! monsieur, n’accusez que ma vivacité…

Chatenay.

Vous êtes vive ? oh ! j’adore ces caractères-là !… mais, moi aussi, je suis vif, emporté, bouillant…

Berthe.

Ah bah !

Chatenay.

Tenez, ce matin, au moment de sortir, j’ai brisé un vase de Chine.

Berthe.

Et moi un cabaret de porcelaine.

Chatenay.

Vraiment ! ah ! c’est charmant ! ça fait tant de bien de briser, de casser…