Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Amélie.

Nous étions si heureux ! Nous nous aimions tant ! Ah ! vous avez soufflé sur un beau rêve ; maintenant, je n’ai plus de mari.

Courtin, à part.

Elle pleure ! Sapristi ! J’aurais mieux fait de rester à Caen.

Amélie.

Ah ! pourquoi êtes-vous venu troubler notre repos !

Courtin.

Moi ?

Amélie.

Vous ne comprenez que le mouvement… le travail.

Courtin.

Le travail est la clef de voûte de l’édifice social ! Je n’en démordrai pas !

Amélie.

Mais en quoi l’édifice social est-il menacé parce qu’un mari mange tranquillement ses revenus auprès de sa femme qu’il aime ?

Courtin.

Certainement, il est menacé ! Et dans sa base même… parce que… suis-moi bien… la société est un navire…

Amélie.

Eh bien, dans un navire, il y a des passagers qui payent leur place et qui ne font rien !

Courtin, démonté.

Oui… Je conviens qu’il y a des passagers… mais ça n’empêche que, d’un autre côté… parce que…

Bruit de bouteille de champagne qui se débouche dans la coulisse où est entré Desbrazures.