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wich dans le comté de Kent, en d’autres termes aux conditions les plus larges, et sans aucune redevance féodale. En Angleterre vous savez que l’écorce féodale est restée, et c’est toujours sous des formes vieilles et gothiques qu’on accorde la liberté. La compagnie était autorisée à faire aux nouveaux habitants telles concessions qu’elle jugerait convenables, pour la durée et suivant les formes établies par le conseil de la colonie.

Au début de la plantation, quand on était campé plutôt qu’établi sur un sol menacé par les invasions indiennes, on essaya d’une vie toute militaire, d’une vie commune ; et à ce sujet permettez-moi une courte digression, ou plutôt laissez-moi anticiper sur les événements. On ne partagea point le sol, on défricha, on cultiva, on récolta en commun. Le produit fut recueilli dans un grenier public, et chaque semaine on faisait la distribution aux familles suivant le nombre et le besoin des membres qui les composaient.

Cet essai fut désastreux ; point de goût, point d’ardeur pour un travail qui ne portait pas avec soi de récompense ; personne ne voulut prendre de peine, chacun craignant qu’un excès de labeur de son côté ne favorisât d’autant la paresse et l’inertie d’un voisin. Aussi la colonie fut-elle dans un état languissant, jusqu’au jour où un gouverneur plus avisé fit donner à chaque colon un lot de terre particulier ; de ce jour date la prospé-