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Telle fut la politique coloniale de la Grande-Bretagne, système de monopole emprunté de l’Espagne et poursuivi strictement pendant plus d’un siècle par vingt-neuf statuts du parlement. Pendant longtemps on a vu dans l’acte de navigation un chef-d’œuvre de politique. Au point de vue économique, Adam Smith déclarait que c’était une véritable violation des droits de l’humanité, mais au point de vue politique il l’approuvait : « Comme la sûreté d’un État est d’une plus grande importance que son commerce, nous dit-il, l’acte de navigation est peut-être le plus sage de tous les règlements de commerce de l’Angleterre[1]. »

Ce n’est point ici le lieu d’examiner ce qu’il y a de fondé dans l’opinion d’Adam Smith ; il ne serait pas malaisé de démontrer que ce faux système, qui isolait toutes les nations, et les constituait ennemies l’une de l’autre, au lieu de les unir par le lien de mutuels échanges, a été la cause de la plupart des guerres faites dans les derniers siècles, et que tour à tour il a mis l’Angleterre aux prises avec la Hollande, avec la France et enfin avec l’Espagne, l’Espagne que, par un abus de la force bien remarquable, le cabinet de Londres contraignit à se relâcher de ses rigueurs coloniales, et à souffrir dans son domaine d’outremer ce que l’Angleterre lui refusait de son côté.

  1. Adam Smith, liv. IV, chap. ii.