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La théorie des lois prohibitives, a dit M. d’Hauterive, est écrite en lettres de sang dans l’histoire de toutes les guerres qui, depuis quatre siècles, mettent partout l’industrie aux prises avec la force, oppriment l’une, corrompent l’autre, dégradent la morale politique, infectent la morale sociale et dévorent l’espèce humaine.

Le système colonial, l’esclavage, les haines de l’avarice, qu’on appelle haines nationales ; les guerres de l’avarice, qu’on appelle guerres de commerce, ont fait sortir de cette boîte de Pandore l’inondation des erreurs, des fausses maximes, des richesses excessives, corruptrices, et mal réparties, de la misère, de l’ignorance et des crimes, qui ont fait de la société humaine, dans quelques époques de l’histoire moderne, un tableau si odieux, qu’on n’ose s’y arrêter, de peur d’avoir à prononcer contre le développement de l’industrie et le progrès même de la civilisation[1].

Pour ne parler que de l’Amérique, les effets de cette politique furent désastreux ; ce fut le triomphe de la force et de l’injustice sur le droit qu’a tout homme d’acheter et de vendre librement. Les colons ne pouvant demander les produits de l’Europe qu’aux marchands anglais, qui nécessairement gagnaient au monopole, il en résultait cette iniquité qu’on appauvrissait les habitants de l’Amérique pour enrichir quelque négociant de Londres ou de Bristol. Dans la vente de leurs produits, les planteurs ne souffraient pas un moindre préjudice ; le prix des tabacs baissait parce qu’il y avait peu d’acheteurs, le prix des

  1. Précis d’écon. polit.