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leur fortune, et c’est ce que nous ne devrions jamais oublier.

La charte n’accordait point aux émigrants la liberté de religion (comme on l’a quelquefois supposé) ; au contraire, le roi chargeait le gouverneur de faire prêter aux colons les serments de suprématie et de fidélité. Il était loin de prévoir quelle puissance l’émigration donnerait à ce puritanisme qu’il abhorrait. Mais par la force des choses, le puritanisme devait régner en maître dans la Nouvelle-Angleterre, car lui seul fuyait devant l’oppression ; les membres de l’Église anglicane, que rien n’inquiétait, n’étaient nullement attirés vers un pays que ne recommandait ni sa fertilité ni son commerce. Le privilège religieux des puritains ne reposait donc point sur une concession légale, mais il résultait si clairement des faits, qu’en 1662 le roi d’Angleterre, probablement à la prière de Clarendon, déclarait que le principe et le fondement de la charte du Massachussets, c’était la liberté de conscience.

Aussitôt la patente obtenue, une première expédition de cinq navires emmena trois cents émigrants vers leur nouvelle patrie. C’étaient, pour la plupart, d’ardents puritains qui quittaient la terre natale, non par ambition, non par avarice, mais uniquement parce qu’il leur semblait, comme le dit Milton, que rien ne pouvait les défendre de la furie des évêques que le vaste Océan et les